L’ABBAYE DE PEYROUSE

 

L’abbaye de Peyrouse, construite au XII° siècle, constituait un somptueux édifice qui, au cours de ses six siècles d’existence, fut le témoin des siècles plus prospères mais aussi des catastrophes qui notamment à la fin du Moyen Age s’abattirent sur notre région.

Des inventaires, notamment du XVII° siècle, montrent ses blessures. Le régime sous lequel était placé et qu’on appelait la » commende » pouvait expliquer bien des choses, faisant que ceux qui en percevaient les revenus (et notamment sous forme de dîme lee 1/11° des principaux produits agricoles et portaient le titre »d’abbés de Peyrouse « vécurent le plus souvent à Périgueux. Sur place, ils étaient 3 ou 4 moines (dont le prieur, chef religieux et le syndic chargé de la gestion) .Leurs relations avec les habitants des communes qui entouraient l’abbaye (St Saud, St Martin, St Jory) ne semblent pas avoir été mauvaises et beaucoup des hameaux proches assistaient aux messes à l’abbaye et les registres paroissiaux témoignent que s’y faisaient des baptêmes, des mariages et des enterrements. Les moines prêtaient aussi souvent de l’argent aux habitants comme en témoignent les archives notariales.

Quand vint la Révolution, les habitants de Saint-Saud ne crurent pas nécessaire de s’en prendre aux moines comme le faisaient beaucoup de cahiers de doléances. On dispose même d’un document indiquant que les hameaux des trois communes écrivirent même à l’évêque pour demander qu’on y reprît les offices dont l’organisation avait été bouleversée pendant la Terreur.

Mais entre temps la législation de l’Assemblée Constituante avait interdit les vœux et surtout fait des abbayes des biens nationaux vendus à des particulier : ces ventes devaient couvrir les billets de banque (assignats) émis pour réduire la très considérable dette laissée par la monarchie et que la difficulté à lever l’impôt au début de la Révolution aggravait.

Le devenir de l’édifice fut dès lors très compromis. Le XIX° est pour Peyrouse le siècle qui voit disparaître presque totalement un édifice dont furent enlevées jusqu’aux pierres. Nous essayerons de montrer comment les très modestes vestiges peuvent permettre d’imaginer ce que fut l’édifice. En attendant voici, telle que la présentait dans son bulletin l’abbé Julien, en 1913, les étapes de sa disparition :

L’abbaye de Peyrouse, lors de la vente des biens ecclésiastiques, échut, raconte-on à un nommé Delage, originaire du Poitou, qui l’occupa pendant une trentaine d’années.

La famille Mazeaubert en obtint la propriété vers 1825. Monseigneur Dabert, évêque de Périgueux, reçut d’elle plus tard en donation la chapelle et des dépendances en vue de la restauration du culte et l’érection d’une nouvelle paroisse. Le projet ne put arriver à sa réalisation et la donation fut révoquée.

La chapelle non entretenue allait disparaître, fut rendue à la paroisse de Saint Romain et les boiseries magnifiques sont classées à cette heure parmi les monuments historiques. Sous l’administration de M l’abbé Faure, il y à trente ans, notre église s’enrichit des lourdes statues de bois représentant les quatre évangélistes. On les vénérait à Peyrouse d’un culte spécial. Etait-ce parce que, alors, elles étaient amputées des mains ? On les invoquait pour la guérison des engelures. On touchait dévotieusement Saint Matthieu, saint Luc, saint Marc et saint Jean, puis on terminait son pèlerinage en pénétrant sous la voûte qui abrite la source du couvent et en se baignant les mains dans l’eau glacée